Comment mieux vivre avec un côlon irritable ?

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Par Lolona Ramanantsoa, Médecin Généraliste
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Cela fait un moment que vous ne comprenez rien à ce qui vous arrive. Non seulement vous souffrez fréquemment de maux de ventre, sans raison apparente et votre transit intestinal n’en fait qu’à sa tête. Vous n’avez pourtant pas consommé de mets suspects ni changé votre régime alimentaire. Vous vous posez alors mille questions. Et si vous souffriez du syndrome du côlon irritable, nommé actuellement colopathie fonctionnelle ?   

Mais qu'est-ce qui rend mon côlon irritable ?  

Déjà, rassurez-vous : la colopathie fonctionnelle ou côlon irritable est une maladie, certes chronique, mais bénigne. Elle est gênante parce qu’elle peut perturber votre quotidien. C’est plus un trouble fonctionnel intestinal qu’une maladie qui va nécessiter une adaptation de l’hygiène de vie et de l’alimentation.  

À date, les mécanismes de survenue restent flous, mais l’on s’accorde à dire que plusieurs facteurs sont en cause. Les personnes qui en souffrent rapportent que les crises surviennent volontiers en période de stress, d’anxiété ou de fatigue. On avance également une intolérance à certains éléments tels que le lactose et/ou le gluten, une anomalie de la flore intestinale, le fameux microbiote, associée à des troubles de la motilité intestinale alternant lenteur et rapidité. S’ajoute à cela une sensibilité intestinale accrue. Autant de facteurs qui peuvent provoquer une inflammation intestinale responsable des symptômes de la colopathie fonctionnelle. Les troubles apparaissent alors suite à une prise alimentaire ou en rapport avec ce qui est consommé. Mais ils peuvent aussi survenir suite à une infection intestinale.  

Comment se manifeste alors le syndrome du côlon irritable ?  

Le syndrome du côlon irritable se reconnait par la présence de maux de ventre d’intensité variable d’une personne à une autre et d’une crise à une autre : sensation de barre au niveau du bas ventre qui disparait après les selles ou spasmes. À cette douleur peut s’ajouter un inconfort : brûlures, ballonnements, flatulences… Et ces symptômes s’accompagnent de constipation ou de diarrhée, ou une alternance des deux. Comme il s’agit de maladie chronique, le syndrome du côlon irritable se manifeste par des crises qui peuvent durer quelques jours, avec des périodes de rémission de durée variable.  

La présence de certains signes sur les critères de Rome permet de poser le diagnostic de syndrome du côlon irritable :  

  • des troubles intestinaux de plus de 3 jours par mois, pendant plus de 3 mois dans les 6 derniers mois ;  
  • lors des crises : douleur soulagée par la défécation et constipation ou diarrhée.
     

Le médecin traitant peut demander des examens complémentaires pour éliminer d’autres maladies qui pourraient provoquer les mêmes symptômes.  

Que faire en cas de syndrome du côlon irritable ?  

Il n’y a à ce jour aucun traitement spécifique du syndrome du colon irritable. Le traitement est symptomatique pour soulager au mieux le patient : antispasmodique pour lutter contre les douleurs, anti-diarrhéique ou anti-constipation pour soulager les troubles du transit.  

Le traitement de fond est diététique : il est demandé au patient de tenir un journal de son alimentation qui aidera à identifier les aliments susceptibles de provoquer une crise. Il s’agit, dans la majorité des cas, des légumes secs, des aliments de la famille des choux, des céréales complètes, des produits contenant du lactose ou du gluten, les crudités, boissons alcoolisées ou gazeuses, tout excitants… Une fois identifiés, ces aliments doivent être complètement éliminés de l’alimentation pendant au moins 4 à 6 semaines avant de les réintroduire progressivement, jusqu’à trouver le seuil de tolérance.  

Maintenir une bonne hygiène de vie reste indispensable. Au besoin, le patient peut consommer des compléments alimentaires de probiotique pour améliorer sa flore intestinale. Il est tout aussi important d’apprendre à gérer les émotions et la fatigue.  

Le syndrome du côlon irritable touche près de 5% de la population française avec une prédominance chez les femmes. Sans gravité aucune, elle affecte cependant la qualité de vie à cause des douleurs et de la chronicité de la maladie. Les recherches sont toujours en cours pour trouver un traitement efficace. Dans tous les cas, consultez votre médecin pour confirmer le diagnostic, au risque de passer à côté d’une autre maladie.

Référence

https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/syndrome-intestin-irritable/reconnaitre-syndrome-intestin-irritable

https://www.vidal.fr/maladies/estomac-intestins/syndrome-colon-irritable.html

https://www.inserm.fr/c-est-quoi/la-rage-au-ventre-cest-quoi-le-syndrome-de-lintestin-irritable/