La migraine, un vrai casse-tête

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Par Lolona Ramanantsoa, Médecin Généraliste. Relecture par Anaëlle Le Page, Chargée de Qualité
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Considérée à tort comme une maladie féminine, la migraine concerne environ 12% de la population française, tout âge confondu. Ce n’est pas un mal de tête comme les autres, car il peut être handicapant. La migraine présente des caractéristiques habituellement reconnaissables par les personnes qui en souffrent. Elle nécessite une prise en charge adaptée pour éviter un abus médicamenteux.

La migraine, une céphalée au caractère bien trempé !

Un mal de crâne, vous en avez certainement déjà souffert, et plus d’une fois. Mais la douleur de la migraine n’a rien à voir avec d’autres céphalées. Comme elles, la migraine survient et disparaît généralement après une prise médicamenteuse. La différence ? Ce sont ses caractéristiques. D’abord, elle est pulsatile : la sensation qu’on a un second cœur qui bat d’un côté du crâne, habituellement au niveau de la tempe ou au-dessus de l’œil. C’est donc une céphalée unilatérale et le siège de la douleur peut changer de côté d’une crise à une autre. Son intensité varie selon les personnes et est exacerbée par les mouvements. La personne ne supporte ni le bruit (phonophobie) ni la lumière (photophobie). Le tout peut s’accompagner de nausées, voire de vomissements. 

Dans certains cas, la céphalée est précédée d’une aura, un trouble neurologique transitoire et réversible. C’est souvent une aura visuelle : vision de points ou de taches brillantes, présence de trous dans le champ de vision… Elle peut être sensitive (engourdissements, fourmillements, picotements…), verbale (difficultés à trouver ses mots, mélange des mots ou des syllabes, charabia, aphasie…), voire motrice comme dans la migraine hémiplégique familiale. 

Certains signes, qui apparaissent habituellement 24 heures avant la survenue de la céphalée, sont annonciateurs d’une crise. C’est ce qu’on appelle le prodrome : fatigue, somnolence, bâillements, envie incontrôlable de manger gras/salé/sucré, besoin fréquent d’uriner, problème de concentration, émotivité… 

Ainsi, une crise migraineuse peut comporter 4 phases : le prodrome, puis une aura de 5 minutes à 1 heure, suivie dans l’heure d’une céphalée de 4 à 72 heures sans traitement, et une phase de récupération. Ainsi, on distingue la migraine avec aura et la migraine sans aura. 

Quand un cachet d’antalgique ne soulage pas 

La fréquence des crises, leur intensité et leur durée peuvent retentir sur la qualité de vie et la vie socioprofessionnelle ou scolaire. L’automédication peut suffire en cas de crise modérée. Elle peut soulager la céphalée et les autres symptômes accompagnateurs. Les médicaments à base de paracétamol ou d’aspirine, ou des AINS sont préconisés. S’ils sont inefficaces ou si la crise est d’emblée sévère ou handicapante, le médecin prescrit des médicaments à base de Triptan ou de dérivé ergoté. Sans surveillance, un abus médicamenteux avec ses complications peut survenir, dont la céphalée chronique quotidienne. Celle-ci est alors présente plus de 15 jours par mois, et ce, depuis au moins 3 mois. Et la céphalée dure plus de 4 heures par jour en l’absence de traitement. 

Pour éviter cela, un traitement de fond est indispensable. Le but est d’espacer les crises et de diminuer leur intensité. Il passe, selon les cas, par la prise de bêtabloquant, topiramate, amtriptyline, pizotifène exétorone, voire d’anticorps monoclonaux anti CGRP ou toxine botulinique de type A. 

Migraineux.se ? Il est possible de limiter les crises

La migraine est une maladie neurologique chronique et bénigne. Ce sont la fréquence, la durée et l’intensité des crises qui font qu’elle peut devenir handicapante. La crise est déclenchée par de nombreux facteurs, également différents et inconstants d’une personne à une autre. Chez certaines personnes, il faut la combinaison de 2 facteurs ou plus pour qu’une crise se déclenche. Ce sont des changements, internes ou externes, qui la déclenchent. Ce, à cause d’une excitabilité neuronale anormale, conséquence de facteurs génétiques complexes, d’une vasodilatation et inflammation des vaisseaux cérébraux. Ces facteurs sont émotionnels, hormonaux, climatiques, alimentaires, physiques (efforts intenses ou relâchement inhabituel), sensoriels (lumière ou odeurs fortes), en sommeil (manque ou excès)… Identifier les facteurs contrôlables pour adapter son hygiène de vie, sans pour autant aller dans des conduites d'évitement systématiques, permet d’espacer les crises. 

Une prise en charge médicale et un suivi régulier, une bonne hygiène de vie avec éviction des facteurs contrôlables, ainsi que la gestion de stress sont les moyens pour espacer les crises. Pour ce faire, n’hésitez pas à essayer des accompagnements bien-être tels que le yoga, la méditation, la thérapie comportementale et cognitive, la sophrologie… Et une consultation spécialisée en neurologie est préconisée pour avoir une qualité de vie satisfaisante malgré la migraine.

Sources :
Vidal
Ameli
Inserm