Oups ! J’ai des fuites urinaires !

Retour
Par Lolona Ramanantsoa, Médecin Généraliste. Relecture par Anaëlle Le Page, Chargée de Qualité
image

Comme tout trouble qui touche à l’intimité, les fuites urinaires, ou incontinence urinaire, restent un sujet tabou. À ce titre, les personnes qui en sont victimes ont du mal à en parler, même auprès de leur médecin, et ont tendance à s’isoler. Ce trouble touche plus de femmes que d’hommes et peut être passager, comme il peut aussi s’installer dans le temps. Heureusement, des solutions adaptées à chaque type de fuite existent.

Les fuites urinaires, des incidents gênants

Qui dit fuite urinaire, dit émission accidentelle d’urine qui survient sans en avoir ressenti le besoin. Elle est involontaire et arrive en dehors des mictions. Comme tout accident, elle échappe au contrôle et peut survenir à tout moment. Toutefois, toutes les fuites n’ont pas les mêmes causes et on distingue alors plusieurs types : 

  • L’incontinence urinaire à l’effort due au relâchement du plancher pelvien (périnée). Ce dernier, lorsqu’il se contracte suffisamment, constitue un verrou vésical empêchant la miction ou l’interrompant à volonté. Lorsque ce frein est inefficace, des fuites se manifestent alors au moment d’efforts sollicitant les abdominaux qui exercent une pression sur la vessie : rire, toux, éternuement, soulèvement de charge, saut, course, changement de position… Parfois, la personne peut ne pas avoir conscience des fuites.
  • L'incontinence par urgenturie est la conséquence d’un trouble de la vessie. Cette dernière présente des contractions anormales provoquant une envie pressante et incontrôlable d'uriner. La personne n’a généralement pas le temps d’arriver aux toilettes que les fuites, souvent importantes, se présentent déjà. 
  • L’incontinence mixte qui est une association des deux.

Pourquoi développe-t-on des fuites urinaires ?

Plusieurs facteurs peuvent aboutir à l’apparition de fuites urinaires et ce sont les femmes qui en sont le plus souvent victimes pour trois principales raisons : 

  • la grossesse et/ou l’accouchement provoquent souvent une incontinence urinaire d’effort temporaire : gros bébé (plus de 4 kg), grossesse multiple, accouchement difficile ayant nécessité l’usage d’instrument (forceps ou ventouse), déchirure périnéale...
  • la ménopause qui, avec l’âge à l’origine du vieillissement des tissus, provoque un relâchement musculaire chez la femme et donc celui du périnée. 
  • le prolapsus génital

Les autres facteurs qui peuvent provoquer des fuites urinaires sont : 

  • le tabagisme : nicotine et autres substances chimiques contenues dans la cigarette irritent la paroi de la vessie. Il s'ensuit une modification du rythme des reins lors de la production d’urine. À moyen et long terme, il provoque une toux.
  • le surpoids qui exerce une pression sur la vessie et le périnée. 
  • toute intervention chirurgicale de l'abdomen ou du petit bassin dont adénome ou cancer de la prostate
  • la constipation chronique
  • l’alimentation : certains aliments sont connus pour être sources d’irritation de la vessie : tomates, aliments acides, chocolat, alcool, café, boissons gazeuses, édulcorants, épices…
  • la pratique d'une activité sportive avec des à-coups qui crée une surpression dans le bassin et la cavité abdominale
  • la rétention à répétition en cas d’envie d’uriner
  • des pathologies urologiques : cystite, cancer de la vessie, calculs, rétrécissement urétral… 
  • des causes neurologiques : sclérose en plaques, maladie de Parkinson ou d’Alzheimer...
  • la prise de certains médicaments, surtout si la personne en prend plusieurs : diurétiques, sédatifs...

Les différents recours en cas de fuites urinaires

La première solution reste la rééducation périnéale qui permet de tonifier le périnée et d'améliorer celle du sphincter vésical. Elle n’est cependant pas recommandée en cas d’infections urinaires. Seules l’assiduité et la persévérance garantissent des résultats. 

Des examens peuvent être prescrits par le médecin pour déterminer les causes d’une incontinence urinaire. La prise en charge d’une éventuelle affection sous-jacente et la correction des facteurs favorisants sont aussi indispensables. 

Si les deux premières options ne suffisent pas à juguler le problème, le médecin peut alors prescrire des médicaments notamment en cas d’incontinence par urgenturie ou mixte. La chirurgie n’est envisagée qu’en dernier recours avec différentes techniques que l’urologue choisit en fonction du mécanisme de l'incontinence urinaire. 

Les fuites urinaires ne sont pas une fatalité puisqu’il est possible de les prévenir. Si l’incontinence urinaire prédomine chez les personnes âgées, les jeunes n’en sont pas moins atteints. En raison des gênes que les fuites peuvent engendrer au quotidien, les personnes qui en sont victimes ont tendance à limiter leurs activités, s’isolant ainsi insidieusement. Ce qui à force peut entraîner des complications d’ordre psychologique surtout. Voilà pourquoi il est important d’en discuter avec son médecin pour mettre rapidement en place un traitement adéquat, ce dès les premiers signes.

Sources :
Vidal
Urofrance
Ameli