Probiotiques et prébiotiques : quelle différence ?

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Par Lolona Ramanantsoa, Médecin Généraliste. Relecture par Anaëlle Le Page, Chargée de Qualité
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Depuis quelque temps, les probiotiques ont le vent en poupe. On les propose comme solution ou en prévention à certaines maladies chroniques ou inconforts passagers. Ils sont disponibles sous forme de compléments alimentaires, en vente libre, mais aussi comme des médicaments obtenus sur prescription médicale. S’ils ont des intérêts certains pour la santé, leur consommation n’est toutefois pas sans risque, comme tout produit actif. 

Qu'est-ce que les probiotiques ? Et les prébiotiques ?

Les probiotiques sont des micro-organismes vivants constitués de bactéries et de levures. Une fois ingérés, ils permettent d’améliorer ou de reconstituer la flore intestinale, appelée microbiote. Ils sont ainsi appelés lorsqu’ils sont produits de façon industrielle. En effet, les souches à partir desquelles ils sont fabriqués sont habituellement étrangères à notre organisme. Il s’agit principalement de bifidobactéries, lactobacilles, lactocoques, etc. pour les bactéries, et de saccharomyces pour les levures. Ces germes sont normalement non pathogènes pour la personne qui en consomme.  

Les prébiotiques, en revanche, sont des composés normalement présents dans l’alimentation et qui servent de nourriture au microbiote intestinal. Ils permettent ainsi la multiplication des micro-organismes utiles à la santé. On les retrouve dans les fibres apportées par les fruits, légumes et céréales, le kéfir et les produits laitiers. 

Ce que les pré/probiotiques apportent à la santé 

Probiotiques - des mots grecs « pro » qui signifie « en faveur » et « biotikos » qui signifie « la vie ») - et prébiotiques sont là pour permettre d’améliorer le microbiote intestinal. Ainsi, ils vont augmenter le nombre de micro-organismes bénéfiques à la santé et diminuer ceux qui seraient néfastes en créant un effet barrière. Ils permettent donc de préserver ou d’améliorer la santé intestinale et digestive, notamment en cas de : 

  • diarrhées infectieuses ou provoquées par la prise d’antibiotiques
  • maladie de Crohn
  • rectocolite hémorragique
  • constipation
  • régurgitations et diarrhées du nourrisson
  • intolérance au lactose
  • lutte contre Hlicobacter Pylori, bactérie responsable de l’ulcère gastrique
  • prévention des pouchites : inflammation de l’intestin chez les personnes ayant subi une ablation chirurgicale du côlon et du rectum 

Les probiotiques ont aussi des répercussions à d’autres niveaux :  

  • métabolique : obésité, diabète, cholestérol
  • immunitaire : allergie et infections diverses
  • synthèse des vitamines B et K
  • prévention des récidives des mycoses vaginales
  • maladies neuropsychiatriques : dépression, anxiété, troubles bipolaires… 

Les probiotiques : à chaque souche, sa cible  

Si les bienfaits des probiotiques sur la santé semblent faire l’unanimité, tous les probiotiques ne se valent pas. En effet, une souche donnée cultivée, et il en existe des milliers, a des effets sur une problématique spécifique de santé qui lui est propre. Ainsi, deux souches de la même espèce n’ont pas les mêmes effets. Il n’y a donc pas de probiotique universel qui résoudrait tous les soucis de santé. Ceux qui sont reconnus pour leurs effets bénéfiques sont les lactobacilles, les bifidobactéries, les streptocoques et les lactocoques.

Pour bénéficier des effets des probiotiques, il est conseillé d’en prendre quotidiennement sur une durée déterminée, généralement par cure d’un mois, à renouveler au besoin.

Les dangers liés à la consommation de probiotiques

Bien que bénéfique pour la santé d’une façon générale, la consommation de probiotiques n’est pas anodine. Même si les micro-organismes sont censés être non pathogènes, ils restent néanmoins des agents actifs et peuvent être à l’origine de : 

  • ballonnements, gaz et/ou constipation
  • fongémie (infection systémique provoquée par des champignons dans le sang)
  • troubles neurologiques (confusion, troubles de la concentration) dus à une trop grande quantité d’acide lactique (toxine produite par la fermentation des sucres par les bactéries et qui affecte les cellules cérébrales)

La prise de probiotiques est contre-indiquée chez les personnes présentant une déficience immunitaire (cancer, greffe, prise de certains médicaments), portant un cathéter, et la femme enceinte ou qui allaite.

Considérés comme des compléments alimentaires, les probiotiques sont en vente libre. Comme tous les probiotiques ne se valent pas, il est toujours recommandé d’avoir un avis médical ou conseil auprès du pharmacien pour choisir ceux qui conviendraient au mieux à votre problématique. En cas d’apparition d’effets indésirables qui ne disparaissent pas dans les 3 jours qui suivent la prise du complément alimentaire, il convient d’arrêter la consommation et de consulter.

Sources :
Inserm
Vidal