Apprendre la langue des signes pour une meilleure inclusion sociale

Retour
Par Lolona Ramanantsoa, Médecin Généraliste. Relecture par Anaëlle Le Page, Chargée de Qualité
image

La journée internationale de la langue des signes est célébrée le 23 septembre. Voilà une occasion de mieux connaître et comprendre cette langue vivante à part entière. Elle permet de créer un pont entre deux mondes : celui des sourds/muets et des malentendants et celui des entendants. Ce langage non verbal permet aux premiers de communiquer. Apprendre leur langue, même sans handicap, permet de créer une société inclusive.

Langues des signes, petit historique

C’est au cours du XVIème siècle que le moine bénédictin espagnol, Pedro Ponce de León, a commencé à enseigner la langue des signes. Il l’a destiné aux personnes sourdes. Et c’est seulement au XVIIIème siècle, en 1760, que l’Institut National des Jeunes sourds à Paris a vu le jour. Cet institut a été fondé par l’abbé Charles Michel de l'Épée. On y a enseigné pour la première fois la langue des signes française ou LSF. On parle de LSF car la langue des signes n’est pas une langue universelle. Il en existe autant que de langues parlées et de communautés de sourds. On parle alors de LSF car elle est propre à la langue française. Elle est autorisée sur tout le territoire en 1977 et la loi Fabius en 1991 en a fait une langue à part entière. Mais c’est seulement en 2005 qu’elle est réellement reconnue comme telle. Depuis, elle est utilisée aussi bien par les malentendants que les entendants. Les langues des signes sont des langues vivantes, car leur vocabulaire s’enrichit au fil du temps, s’adaptant aux innovations, aux nouveaux modes de vie, et aux nouveaux usages. 

La langue des signes française ou LSF

La langue des signes, une langue complexe

Toute langue des signes est un langage non seulement gestuel, manuel et corporel, mais aussi visuel. C’est la lecture visuelle de cet ensemble qui la rend complexe. De plus, elle a sa propre syntaxe et sa propre grammaire qui sont sensiblement les mêmes, permettant un dialogue entre signeurs, personnes qui s’expriment en langue des signes de différentes langues. Et la place des mots dans une phrase dans la langue des signes n’est pas la même que celle de la langue parlée ou écrite. Au final, pour comprendre la langue des signes, il faut pouvoir interpréter les configurations des mains, leur emplacement, leur orientation et leurs mouvements. C’est un tout qui forme des signes correspondant à des mots. Leur orientation permet de faire la différence de temps : présent, futur et passé. Mais la langue des signes fait également appel aux mouvements des yeux qui montrent le mode actif ou passif. Enfin, pour exprimer les nuances et les émotions, il faut voir les mouvements du visage et des épaules. Mais le visage permet également de faire la différence entre deux mots signés de la même façon. 

Les signes de la langue des signes française

La langue des signes française combine 4 moyens d’expression :  

  • La dactylologie : c’est l’alphabet de la langue des signes, composé de vingt-six signes dont certains ressemblent à la graphie de la lettre écrite. La dactylologie permet de former une séquence de signes de manière à composer un mot. Elle est utilisée pour épeler un mot ou une expression qui n’a pas son propre signe ou un nom propre. 
  • Les signes iconiques : ce sont des signes inspirés par la mime et qui représentent des gestes du quotidien ou des objets. Ce sont habituellement des gestes compréhensibles par les personnes entendantes.
  • Les signes inspirés du français : ils reprennent souvent la première lettre du mot qui est associé à des gestes partiellement mimés.
  • Les signes inventés : ce sont des signes propres à la langue des signes française pour désigner des mots. 

Pour communiquer dans la langue des signes française, il faut suivre la structure suivante : quand, où, qui/quoi et enfin l’action (faire quoi). Comme c’est un moyen de communication visuel, il est recommandé de toujours se positionner face à son locuteur et de maintenir un contact visuel. Privilégiez également des phrases courtes et simples. 

La langue des signes, comme toute langue vivante, possède une pleine capacité d’expression et d’abstraction qui se fait en 3D. Elle a toute sa légitimité, car elle permet la transmission de savoirs. Des accueils en langue des signes se mettent en place dans divers services publics. Et diverses structures donnent également des cours. Dans tous les cas, la LSF se développe et a toute sa place dans une société qui se veut inclusive. Alors, pourquoi hésiter encore pour l’apprivoiser ? 

Sources :
Surdi Info Service
France 24
Institut Amelis
Culture Sourde