L’apnée du sommeil, plus que de simples ronflements

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Par Lolona Ramanantsoa, Médecin Généraliste. Relecture par Anaëlle Le Page, Chargée de Qualité
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L’apnée du sommeil est une affection qui provoque des ronflements chez la personne qui en est victime. Mais ce n’est pas tout ! Cette maladie, également connue sous le nom de SAHOS (syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil) peut, à long terme, être à l’origine de maladies cardio-vasculaires. C’est pourquoi elle nécessite une prise en charge adaptée.

L’apnée du sommeil, qu’est-ce que c’est ?

L’apnée du sommeil n’est pas un trouble du sommeil, mais un trouble de la respiration qui se manifeste durant le sommeil. Elle est définie par la survenue de pauses respiratoires involontaires, ou d’une baisse du débit respiratoire (hypopnée). Chaque pause dure en moyenne 10 secondes, pouvant aller jusqu’à 30, et se répète au moins 5 fois par heure. On dénombre chez certaines personnes plus de 100 pauses en une nuit. En fonction de l’IAH, ou indice d’apnées/hypopnées, qui représente le nombre d’apnées/hypopnées par heure, on parle d’apnée du sommeil : 

  • légère quand l’IAH est entre 5 et 15
  • modérée quant l’IAH est entre 16 et 30 
  • sévère quand l’IAH est supérieur à 30

Apnée du sommeil : causes, symptômes et conséquences

Les causes de l’apnée du sommeil

Ce trouble respiratoire survient lorsqu’il y a obstruction complète ou partielle des voies aériennes supérieures, notamment des conduits respiratoires de l'arrière-gorge. La première cause est le relâchement des muscles des parois du pharynx lié à l’âge ou lorsque l’on dort. D’autres facteurs peuvent être cités : surpoids, alcool, tabac, asthme, prise de somnifère, malformation anatomique (mâchoires étroites, palais trop creux ou trop plat, fosses nasales trop petites…), obstruction nasale ponctuelle ou non (rhume, grippe, rhinite allergique, végétations…), augmentation de la taille des amygdales ou de la luette, etc.

Le SAHOS affecte plus les hommes que les femmes. Il est plus fréquent à partir de 65 ans, mais il peut survenir plus tôt en fonction des facteurs favorisants.

Les symptômes de l’apnée du sommeil

Le premier signe qui oriente vers une apnée du sommeil est le ronflement, présent dans 95% des cas. Il se manifeste dès que la personne tombe de sommeil ou seulement lorsqu’elle est sur le dos. Le volume du ronflement est proportionnel au degré d’obstruction des voies aériennes. Les pauses respiratoires sont inconscientes et constatées seulement par l’entourage. En cas de pause, le cerveau reçoit un signal qui permet de réactiver la respiration en réveillant la personne. En fait, on parle plus de micro-réveil qui ne dure qu’un très bref instant et la personne n’en a même pas conscience. Elle peut présenter une respiration haletante durant son sommeil ou des réveils en sursaut, associés à des sensations d’étouffement. Chez certaines personnes, l’apnée provoque un sommeil agité et non réparateur, ou une nycturie définie par le besoin d’uriner plus d’une fois par nuit.

Les conséquences de l’apnée du sommeil

Une apnée du sommeil a plusieurs répercussions plus ou moins importantes sur la santé de la personne qui en est victime : fatigue inexpliquée, somnolence diurne plus ou moins importante pouvant être à l’origine d’incidents et d’accidents graves car elle peut provoquer un endormissement subit et involontaire, troubles de la mémoire et de la concentration, troubles de l’humeur (irritabilité, nervosité…) ou encore maux de tête souvent matinaux, dès le réveil.

Cette affection est également un facteur favorisant de maladies plus sévères dont les maladies cardio-vasculaires, les troubles métaboliques et le diabète de type 2.

La prise en charge de l’apnée du sommeil 

Fatigue et somnolences sont les motifs les plus fréquents de consultation des personnes qui ne savent pas qu’elles souffrent d’apnée du sommeil. Devant des signes évocateurs d’une apnée du sommeil, ou après des examens complémentaires et des consultations spécialisées qui l’y orientent, le médecin peut envoyer le patient vers un centre spécialisé dans l’étude du sommeil. Deux examens permettent de poser le diagnostic : l’enregistrement polysomnographique (ou polysomnogramme) ou polygraphie ventilatoire nocturne. Le premier mesure le rythme respiratoire ou les mouvements du thorax durant le sommeil, tandis que le second mesure la saturation en oxygène du sang. 

Le traitement de l’apnée du sommeil consiste à :

  • éliminer les obstacles au passage de l’air dans les voies aériennes (chirurgie si nécessaire)
  • éliminer et/ou corriger les facteurs favorisants quand c’est possible
  • traiter les éventuelles maladies associées
  • exercer une ventilation nocturne en pression positive continue (PPC) : la personne est équipée d’un masque qui va obliger les voies aériennes à rester ouvertes grâce à de l’insufflation d’air sous pression délivré par un appareil
  • porter une orthèse d’avancée mandibulaire : maintien de la mâchoire inférieure en position légèrement avancée
  • améliorer la vigilance par un traitement médicamenteux au besoin

L’apnée du sommeil est une pathologie sérieuse. Il peut être à l’origine d’accidents graves sur le lieu de travail ou de la route à cause de la baisse de vigilance qu’elle provoque, mais aussi des accidents cardio-vasculaires. Il est fortement conseillé de consulter en cas de suspicion ou de constat de pauses respiratoires par l’entourage. Une prise en charge précoce et adaptée réduit les risques d’accident et améliore également le quotidien de toute personne qui en souffre. 

Sources :
Vidal
Ameli
Ameli
Inserm